Nous n’avions jamais entendu parler de l’Isan, vaste territoire du Nord-Est de la Thaïlande, en partie délimité par le Laos (au Nord et à l’Est) et le Cambodge (au Sud).
Cependant, à peine arrivés en Thaïlande, il nous faut faire un choix: partir à gauche, au risque de se retrouver à Bangkok en à peine deux semaines, ou opter pour la droite avec la crainte de s’embarquer dans un détour interminable le long du Mékong.
Ce sont finalement Banz et Aom, chez qui nous passons nos premières journées dans l’ancien royaume de Siam, qui nous motiveront à tenter le « Grand Tour ».
Mais avant de reprendre la route, Banz nous met en garde: « Faites attention aux hordes de motards qui roulent dans la région ainsi qu’aux fantômes qui rôdent à proximité des temples! ».
Au final, c’est plus par opportunité que par crainte que nous passerons la nuit… au poste!
Quant aux nombreuses nuits que nous passerons dans les temples de la région, aucune trace de fantômes. À la place, des gens accueillants et souriants qui nous proposent généralement de monter la tente sous un couvert avant de nous apporter de l’eau et des ventilateurs.
Outre leur côté pratique et spontané, ces gîtes improvisés nous offrent une formidable opportunité d’être au plus proche des gens, notamment lors du premier repas de la journée où les fidèles, après avoir servi les moines, mangent tous ensemble et nous invitent à goûter à leur délicieuse cuisine.
Bien que le gong ou le tambour nous réveille généralement de (très) bonne heure, nous sommes fascinés et très reconnaissants de l’accueil généreux et chaleureux qui nous est offert. Seul regret: l’absence de langue commune, bien qu’il nous soit tout de même arrivé de parler (suisse-)allemand!
Salut à toi, ô Grand Mékong!
Ainsi, te revoilà! Et dire que nous ne pensions pas te revoir… Ça aurait été bien dommage!
Pour une raison qu’on ignore, rouler à tes côtés fût très apaisant. Peut-être parce que tu es bien plus vieux et bien plus sage que nous, que tu t’écoules dans un silence majestueux ou parce que rien ne semble te perturber.
Pourtant, tu en dissimules des trésors! Rien que sur les quelques 500 kilomètres parcourus le long de ta rive droite, nous aurons la chance d’en admirer quelques-uns.
Et manifestement, nous ne sommes pas les seuls à avoir été fascinés par ta présence!
Dire qu’il y a plusieurs milliers d’années, des hommes et des femmes ont peint, sur tes rives, ce qui représentait au mieux leur quotidien nous laisse sans voix.
Un peu plus loin, alors que nous nous arrêtons dans un temple dans l’espoir de pourvoir y passer la nuit, une dame nous aborde et nous invite chez elle!
Le lendemain, impossible de partir. Elle juge (à raison) que nos habits doivent impérativement être lavés et sa sœur souhaite absolument nous faire visiter son village. Mais les rues sont étrangement vides…
Ce n’est que plus tard que nous réaliserons que pratiquement tous les habitants sont réunis pour le troisième et dernier jour des funérailles de celle qui fût une parente, une amie ou une voisine. Et nous voilà conviés à partager avec eux, en toute simplicité et sans tristesse apparente, ce moment où il est temps de dire « au revoir ».
Et c’est dans le Mékong que nous finirons la journée avant de reprendre la route le lendemain, chargés de magnifiques tissus et après un dernier arrêt au temple pour être bénis par un des moines.
En remontant vers le Nord, nous profitons d’une journée de pause pour partir à la chasse aux champignons. Mais vu qu’il n’est pas tombé la moindre goutte de pluie depuis des semaines, aucune chance d’en trouver des frais. Les seuls que nous apercevons sont immenses et quelque peu caillouteux. Il n’empêche que, malgré une chaleur éreintante, la balade en forêt fût des plus agréables.
Nous passons par That Phanom la veille de Makha Bucha, importante fête du calendrier bouddhiste qui commémore le sermon que donna Bouddha, il y a près de 2’500 ans, à ses 1’250 premiers disciples.
Bien que la route ne suive par systématiquement la rive du fleuve, il nous arrive de trouver des petits chemins ou de rouler sur la dingue qui longent celui dont une partie des eaux coulent depuis l’Amdo, ancienne province tibétaine située à plusieurs milliers de kilomètres en amont.
Mais toute bonne chose a une fin. Ou plutôt, d’autres bonnes choses nous attendent, au centre de l’Isan. Alors salut à toi ô Grand Mékong! On se reverra peut-être un jour, mais en attendant, nous garderons un merveilleux souvenir de notre passage auprès de toi.
Dans la machine à remonter le temps
Si le Mékong borde la région depuis la nuit des temps, les peintures rupestres réalisées il y a plusieurs milliers d’années ne sont pas les seules traces laissées par les habitants de ces lieux.
Quelques jours plus tard, nous passons par le petit village de Ban Chiang, connu loin à la ronde pour le savoir-faire de ses potiers, et ce depuis plus de 3’000 ans! Plusieurs sépultures ont été retrouvées dans les alentours, et avec elles de nombreux objets de la vie quotidienne de l’époque.
Mais l’Isan est habitée depuis bien plus longtemps que ça. Pas par les êtres humains, mais par… des dinosaures!
C’est par un saut de quinze millions d’années que nous nous retrouvons à scruter les empruntes de pas et les squelettes fossilisés de ces animaux fascinants qui arpentaient la région avant de disparaitre, comme tous leurs congénères.
Mais où est la trompe?
Pour la dernière étape de notre Grand Tour, il nous faut prendre un peu de hauteur et, après les vastes étendues de rizières de la plaine, nous retrouvons enfin un peu de relief.
Peu à peu, les forêts s’épaississent, au point qu’il est presque impossible d’y pénétrer. Seuls quelques sentiers bien larges débouchent ici ou là sur le bord de la route. Mais qui peut bien s’être frayé des passages pareils? Un panneau nous donne un indice…
Réveillés de bonne heure par de nombreux barrissements après une première nuit au camping, nous paquetons toutes nos affaires et partons arpenter les collines du parc.
À vrai dire, on n’est pas très rassurés… Le plan qui nous a été remis est plus que sommaire et la signalétique défaillante, personne ne nous accompagne et l’idée de se retrouver nez à nez avec un pachyderme autant effrayé que nous ne nous fait plus franchement rêver.
Ce n’est qu’à la tombée de la nuit, alors qui nous étions à l’arrière d’un pickup avec une ranger que, finalement, nous apercevrons furtivement deux énormes popotins gris s’enfuyant dans les bois.
Retour au camping, mais cette fois, on s’est mis sur une plateforme en ciment, notamment pour éviter de voir nos affaires dévorées par les termites. C’était sans imaginer qu’à cinq heures du matin, la tente de nos voisines allait se faire défoncer par un éléphant en quête de nourriture!
Et ce n’est pas tout!
Ainsi s’achève notre Grand Tour de l’Isan. Il ne nous reste plus qu’à « descendre » de l’autre côté avant de poursuivre notre route vers le Sud.
Mais, c’est à regrets que nous quittons cette région qui compte parmi les moins touristiques et les moins développées du pays. Certes, nous n’y avons pas trouvé tant de choses incroyables à voir ou à faire mais nous avons été conquis par ses charmes et la gentillesse de ses habitants.
Bien que relativement plate, la région se prête merveilleusement bien à la pratique du vélo, ce qui fût d’ailleurs, avec 1’400 kilomètres parcourus en un mois, notre principale activité.
Et dire que nous n’en avons vu qu’un petit bout! Entre les innombrables pacs nationaux répartis dans la région, sa merveilleuse cuisine qui justifierait à elle seule un voyage, les nombreuses fêtes traditionnelles et les vestiges des anciens temps, il y aurait de quoi tourner encore des semaines.
Vous venez quand?
Vous nous faites rêver 🤩 merci et bonne continuation de voyage. 😘
C’est vrai que c’était assez le rêve de rouler dans ces contrées si peu fréquentées par les touristes étrangers.
Très différents des clichés sur la Thaïlande.
Les photos et commentaires sont magnifiques, cela fait envie.
Je rêve avec vous, mille mercis.
Bisous, Myriam
Magnifique récits et photos, merci pour les histoires, ça nous fait partir dans des contrées lointaines et magiques
Merci Sabine! Un plaisir de partager. C’est vrai que l’Isan avait un petit côté « magique ».
superbe vous faite plaisir … ici l hiver se termine doucement neige encore sur les haut ces 2 prochains jours . a bientôt