Dès notre premier jour en Australie, on nous a parlé de la Snowy River Road, mince cordon de gravier qui serpente quelque part entre les collines des « Alpes australiennes ». Cent cinquante kilomètres sans asphalte ni village et en plein bush.
En quittant Melbourne, la décision est prise: c’est en coupant par la forêt que nous rejoindrons Sydney, 1’500 kilomètres plus loin.

Rapidement, nous quittons la côte pour nous enfoncer à travers eucalyptus, fougères géantes et autres feuillus. Par chance, d’anciennes lignes de chemin de fer ont été transformées en pistes cyclables, nous offrant un formidable terrain de jeu relativement plat.

Quelques vestiges jalonnent le parcours: grands ponts en bois, anciennes gares, vieux hôtels et villages assoupis. La région peine à conserver ses habitants, faute de travail et de perspectives d’avenir.

Alors que nous nous apprêtons à prendre de la hauteur, le printemps s’installe peu à peu et, avec lui, le thermomètre remonte gentiment, nous laissant espérer des nuits un peu moins froides. Quant à la pluie, on croise les doigts!


Buchan représente notre dernière chance de faire des courses. À l’épicerie du village, pas de pain et pratiquement pas de produits frais. Seuls quelques paquets de pâtes et de biscuits prennent la poussière sur les étagères.


Nous passerons deux nuits chez Kay qui nous met à disposition une caravane pour nous protéger du froid. Seul et en pleine nature, cet homme de 74 ans vit dans des portacabines depuis que sa maison a brûlé lors des grands incendies de 2019. Réservoirs d’eau de pluie, bois de chauffe, panneaux solaires, véhicules électriques et téléphone satellite: une vie autonome, faite de solitude et d’isolement, qui s’apparente, parfois, à de la survie.

Désormais, nous devrons nous aussi gérer nos ressources; qu’il s’agisse de l’eau, de la nourriture, de l’électricité ou de notre propre énergie. Quel apprentissage, pour chacun de nous!

Soudain, après une grosse montée, la Snowy River est là, face à nous. Majestueuse, elle slalome inlassablement entre des collines verdoyantes. Et à ses bords, gambadent paisiblement émeus et chevaux sauvages. Magique!

Reste à sortir de la vallée, ce qui n’est pas une mince affaire. De fortes pentes et un gravier pas toujours ferme nous contraignent à pousser les vélos sur de nombreux kilomètres. Mais peu importe, la route est splendide et il nous faut impérativement arriver à l’autre bout avant de ne plus rien avoir à manger.



Jindabyne, 900 mètres d’altitude, 3’000 habitants. L’endroit nous paraît bien étrange avec ses magasins de ski, ses nombreux restaurants et ses activités touristiques en tout genre. Nous ne ferons que passer avant de poursuivre en direction du Mont Kosciusko, situé à quelques dizaines de kilomètres plus à l’ouest.

Laissant les vélos le temps d’une journée, c’est en télésiège et à pied que nous « gravirons » la plus haute montagne du pays.



Maintenant au sommet, il ne devrait y avoir que de la descente pour rejoindre l’océan, n’est-ce pas? Si seulement…
Encore 6’500 mètres de dénivelé nous attendent, principalement sur gravier, avant de rejoindre la côte puis Sydney, la plus grande ville du pays.


De retour au bord de l’océan, nous retrouvons la Princes Highway qui relie Adélaïde à Sydney. Cet axe routier majeur, véritable cauchemar pour cyclistes, ne nous avait pas manqué.

Certes, en coupant par la forêt, notre itinéraire fut sensiblement plus long, et surtout plus pentu. Mais il avait ce doux parfum d’aventure et il nous permit de profiter de l’incroyable diversité de l’Australie.
Et dire que nous n’avons vu qu’un tout petit bout de cet immense pays…

Un grand merci pour ces magnifiques récits, toujours aussi inspirants !
Que les bonnes vibrations de l’asphalte continuent de vibrer dans vos coeurs et vos âmes ! (Et pas trop dans vos fesses…)
Merci Guillaume!
Malheureusement, c’est surtout du gravier qui nous attendait pour la suite 🙂
On vous raconte ça prochainement!
….. un vrai travail de journaliste: bravo et merci! (:pas grave?), Serge
Si tu fais référence à la côte cassé, c’est un peu comme la grippe: faut attendre que ça passe.
Mais pas sûr que de déplacer des cartons de 30 kg fasse partie des remèdes recommandés…
Incroyable aventure ! Nous avons voyagé un peu en Australie, ça me fait réaliser un peu plus l’énormité du truc. Il semble que ce soit trop tard pour rencontrer notre famille à Melbourne ou Perth, mais nous avons aussi des amis sur la Gold Coast si jamais!
Oui « énorme », à plus d’un titre!
Ça aurait été avec plaisir de rencontre votre famille, mais nos jambes ont bien tourné depuis.
Mais pas exclu qu’on y retourne un jour!