Loin, juste loin

Itinéraire en gravier le long du lac Pukaki avec le Mont Cook en toile de fond.

On nous avait pourtant prévenu: « La Nouvelle-Zélande à vélo, ça peut être intense. Vaut mieux être modeste, léger et en bonne forme ».
Nous, on est en tandems, en famille et bien usés par notre passage en Australie. Et on prévoit de traverser le pays en deux mois…

Pourtant, à notre arrivée à Queenstown, tout va bien: nos vélos finissent par arriver, les nuits sont nettement moins froides qu’annoncé et une magnifique piste cyclable nous permet de quitter sans encombre cette petite ville touristique.

En sortant de Queenstown: tout est vert, tout est calme, tout est beau.

Loin d’être moche

Les avis sont généralement unanimes: la Nouvelle-Zélande possède des paysages somptueux.

C’est objectivement le cas.

Panorama non négligeable du haut du Rocky Peak, dans la région de Wānaka.

De plus, de nombreux itinéraires cyclables ont été aménagés ces dernières années afin de permettre au plus grand nombre de profiter d’une nature préservée tout en se déplaçant sans bruit et sans pétrole, même si de nombreux cyclistes intermittents ont désormais recours à un moteur électrique.

Vous voilà donc prévenus: faire du vélo dans la région est sujet à de nombreux risques…
Rarement aurons-nous pu profiter d’aussi belles infrastructures dédiées à la mobilité douce que le long du lac Dunstan.

Loin d’être plat

Bien que la plupart des itinéraires aménagés pour la pratique du vélo traversent des régions relativement plates, nous réalisons rapidement que pour passer de l’un à l’autre, il va falloir mettre les petites vitesses…

Petit bivouac improvisé le long de l’Otago Central Rail Trail où de nombreux vestiges de l’ancienne ligne de chemin de fer subsistent.

D’autant plus que les routes les moins fréquentées ne sont généralement pas asphaltées et que la qualité du gravier est des plus variables.

En prenant de la hauteur, la météo change et le mode de déplacement aussi…

Loin d’être de tout repos

Peut-être qu’il n’aurait pas fallu cumuler les difficultés. Mais avait-on vraiment le choix?

La météo, elle est ce qu’elle est: soit il pleut averse, soit il vente comme rarement. Et, à vrai dire, ce n’est toujours pas les grandes chaleurs; au point que même les Kiwis se demandent bien si l’été va commencer un jour…

À choisir, il se peut qu’on préfère la pluie tant le souffle du vent dans nos oreilles nous use. Quant à la pluie, elle n’a jamais menacé de détruire notre tente…

Un message on ne peut plus clair. Et évidemment, il est de face, comme toujours (ou presque).

Pour l’itinéraire, on fait au mieux mais les options sont limitées. Les routes étant extrêmement mal fréquentées (rarement nous nous serons sentis si menacés), on opte au maximum pour des itinéraires alternatifs, généralement nettement plus vallonnés et en gravier. Un bonheur pour la pratique du bikepacking ultraléger, un défi en mode touring ultrachargé. Et nos roues de vingt pouces n’aident évidemment pas.

Magnifique portion du Alps 2 Ocean Cycle Trail. Pas très roulant, mais ça passe; pour le plus grand étonnement de tous ceux qui l’empruntent dans l’autre sens (à la descente), sans bagage et avec assistance.

Quant au camping, sa version « sauvage » est formellement interdite et les endroits officiels imposent généralement d’être équipés de ses propres toilettes (même quand il y en a à disposition…). Et pour avoir testé les campings privés, à 80 dollars (40 francs) la nuit dans un endroit délabré, bruyant, et mal plat; non merci.

Trouver l’endroit idéal, plat, accessible, au calme, sûr, caché et à l’abri du vent semble utopique. Il va falloir faire des compromis…

Emplacement de « dernier recours » en bord de route. Pas vraiment cachés, pas vraiment en sécurité, mais c’était le seul endroit à l’abri du vent. Et la vue est sympa.

Et, comme en Australie, se ravitailler demande anticipation et planification tant les distances entre les différentes localités peuvent être importantes.

Mais, tout au long de notre trajet, nous passerons par des endroits qui valent assurément l’effort.

Des lutins entourés de lupins multicolores. Et avec le soleil en plus!

Loin de la maison

Bien que la Suisse et la Nouvelle-Zélande soient diamétralement opposées sur notre planète, elles partagent quelques points communs: un coût de la vie non négligeable, une nature préservée et des montagnes spectaculaires.

Et c’est auprès du Mont Cook, point culminant du pays et situé à plus de 18’000 kilomètres de Gryon, que nous avons la grande joie de passer quelques jours avec nos futurs voisins des Posses. Une rencontre improbable et inattendue dans un décor de rêve.

La fine équipe sur un pont suspendu le long du Hooker Valley Track, au cœur des Alpes du Sud.

Mais c’est surtout les fêtes de fin d’année qui nous feront réaliser à quel point nous sommes loin de « chez nous » et de ceux qui nous sont chers.

Préparatifs du repas de Noël chez une famille française établie à Christchurch depuis de nombreuses années.
Nouvel-An entre cyclistes chez Grum. Bien fêté? À 20h30, tout le monde dormait 😅

Loin d’être développé

La Nouvelle-Zélande, c’est une population de 5,3 millions sur un territoire à peine plus petit que l’Italie (et ses 60 millions d’habitants). Alors, évidemment, ça laisse la part belle à la nature, à l’agriculture et aux moutons.

En résulte des infrastructures limitées avec relativement peu de routes et des transports publics pratiquement inexistants.

Ici, c’est le tout à la bagnole et plus le moteur est gros, plus c’est classe; quitte à être en opposition aux velléités environnementales du plus grand nombre.

De là à expliquer le comportement de la plupart des automobilistes à l’égard des cyclistes… Il est où le plaisir à nous frôler, à nous klaxonner et à nous couper la route? Sérieusement…

En termes de sécurité routière, mettre des panneaux ne suffit manifestement pas. Même la police ne les respecte pas!

Quant au développement économique, il semble – comme bien souvent – se focaliser sur les villes, laissant les localités plus modestes sur le bord de la route.

Le temps est passé dans les rues de Naseby. Restent quelques façades aux vitrines remplies d’antiquités qui n’intéressent manifestement plus grand monde, sauf peut-être les plus jeunes.

Mais c’est aussi ce côté rural et authentique qui donne tant de charme à ce pays et à certains de ses habitants. Même si, parfois, les similitudes avec l’Amérique du Nord sont troublantes…

Nous ferons un aller-retour dans la vallée qui mène à l’Aoraki/Mount Cook (3’724 m). En termes de développement, mis à part une route et des touristes, on est aux antipodes de la vallée du Rhône…

Loin de tout

Puis, vint la Rainbow Road.

On a eu quelques doutes quant à notre capacité à passer par cet itinéraire qui traverse une région sauvage et isolée de l’île du Sud. Mais, la perspective d’être loin du trafic et loin du reste fut déterminante.

Et quelle route!

Un travail d’équipe durant les lentes montées sur gravier plus ou moins ferme.

Pendant les cinq jours de traversée, on aura eu droit à la totale: de la pluie, du vent, du soleil et du tonnerre. Mais aussi des passages défoncés, des traversées de rivières à gué et du sable.

Island Saddle (1’370 m), point culminant de la plus haute route publique du pays.

Et tout le long, des paysages invraisemblables et le sentiment d’être loin de tout mais proches de nous-même.

Seuls, au milieu de rien. Mais ce rien là, c’est tout ce qu’on aime!

Loin d’Auckland

On aura mis un mois et demi pour traverser l’île du Sud, soit deux semaines de plus que prévu et on est cuits.

Mais, au moins, on aura pu faire ce qu’on avait imaginé, même si ça nous a pris plus de temps et d’énergie qu’espéré.

Reste à trouver une solution pour rejoindre la ville d’Auckland, située à 700 kilomètres plus au nord, où un avion nous attend dans une quinzaine de jours.

Y aller à vélo? Impensable.
Prendre un train? Ils ne circulent pas pour cause de travaux.
Le bus alors? Le chargement de vélos dépend du bon vouloir du chauffeur.
Reste à louer un véhicule. Mais les contraintes sont nombreuses et les tarifs… exorbitants.

Finalement, c’est Louis1 qui nous embarquera dans son minibus pour deux jours de road trip à travers l’île du Nord.

Pas vu grand-chose entre Wellington et Auckland. Et à l’autre bout du tunnel, une bonne pause nous attend.

1 Un tout grand merci à Grum et à Malcolm sans qui cette formidable solution n’aurait pas existé.

Commentaires

  1. Serge

    Un plaisir à chaque fois renouvelé de vous lire et d’admirer les photos (il me semble que cette fois, vous vous êtes surpassés!). Ici, il fait grand beau, il n’a pas plu depuis plusieurs semaines et il fait froid (surtout la nuit: conditions de rêve pour le ski…). Cordiaux messages, Serge

    1. Les Fonto

      Merci Serge!
      Pour les photos, on a pas mal été aidé par les paysages.
      On a en effet entendu dire que la saison de ski fut exceptionnelle.
      En espérant ne pas devoir compter les pâquerettes l’hiver prochain…

  2. Francine

    Les lutins ( qui ont biens grandit) dans les lupins … j’adore 🌸. Merci pour vos récits et photos. Bien affectueusement à vous quatre, bonne suite et au plaisir de vous voir cette année 😉

    1. Les Fonto

      Oh oui, ça pousse, ça pousse!
      Au plaisir de vous revoir… bientôt!

  3. Alice

    J’ai pris grand plaisir a lire votre compte-rendu de la Nouvelle-Zelande. Ca resume tres bien les conditions cyclables je trouve !

    1. Les Fonto

      Merci Alice.
      C’était chouette de te croiser sur notre route.
      Belle suite à toi!

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